Un double album CD pouvant être acheté ICI |
C'est dans ce foyer bouillonnant qu’en 1680 se rendit le Franco-Allemand Georg Muffat (1653-1704). Son premier autographe connu, une captivante Sonate pour violon et basse continue, s'inscrit au cœur du mémorial romain que Jonathan Guyonnet et Stefano Molardi dédient à Arcangelo Corelli (1653-1713) et à ses légataires – partition emblématique en ce qu'elle est un modèle de synthèse européenne. Ainsi que le relève une intéressante notice quadrilingue, Muffat y anticipe de près d'un demi-siècle la fédération opérée par le Couperin des Goûts réunis. Celui des Nations également : un mariage entre La Française et La Piémontaise n'enfanterait pas osmose plus séduisante entre les styles de Lully et, justement, Corelli. Si subtile est l'acculturation qu'aucun des volets, accolés sans heurt, ne saurait souscrire à une école dominante, le retour du thème initial en prise de congé scellant la parfaite unité du tout.
Recensés à l'issue d'investigations érudites, les autres compositeurs sont tous des ultramontains happés par leur métropole, pour une part plus ou moins longue de leur vie. Le cyclique Andante de Pietro Locatelli (1695-1764) semble imprégné à son tour d'alanguissements français ; toutefois sa Sonate parle le langage post-corellien plus tardif. Serait-ce le moins latin, ce Bergamasque ayant orienté la suite de son destin vers Amsterdam où il s'est éteint ? Un tropisme assurément perceptible dans le second Largo que Guyonnet teinte d'ultimes accents troublants.
Monastère et église Sant'Egidio du Trastevere, Rome |
J.G. & S.M. © Guillaume Eymard
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Une échappée en solitaire lui revient, nouveau trésor dont les périls techniques éclairent la rareté : la connaissance lacunaire de son auteur, le Siennois Azzolino Della Ciaja (1671-1755), ne militant guère plus en faveur de sa gloire. Cette troisième Sonate, tiréed'un volume de six d'identique découpe, débute par le binôme consacré toccata-fugue. Si la première s'achève sur un inattendu glissando, la deuxième, pour se retrancher derrière le titre de Canzone, n'en est pas moins harmoniquement très audacieuse. Sous son libellé débonnaire Non presto, le quatrième et dernier mouvement recèle des écueils parfois délirants dont Stefano Molardi s'acquitte comme d'une pirouette. Sertis en des spasmes grinçants (la dernière épidémie de peste n'est guère ancienne), ils renverraient Scarlatti au rang des aimables faiseurs.
En vis-à-vis, ou au côté de leur formation instrumentale I Virtuosi delle Muse, les deux acolytes cultivent d'évidence les questionnements autour d'axes topographiques, pour l'heure transalpins. L'album intitulé Viaggio a Venezia en fit foi naguère ; leur plus récente tournée exalta les mythes méditerranéens. Rome, présentement - mais à cent lieues d'un ordinaire catalogue labellisé «Ville Éternelle». Un travail de mémoire, plutôt.
Nicolas Poussin (1594-1665) : Les Bergers d'Arcadie |
Amor docet musicam ! Pareille Arcadie violonistique, défendue par une gravure à fleur de peau - dont maints tempi assagis peuvent déconcerter - dédaigne tout cillement aguicheur. En revanche, elle agrippe, assiège au gré des écoutes, soumet peu à peu ; vainc enfin, et laisse durablement désarmé.
‣ Pièces à l'écoute simple, en bas de page ‣ 1) Arcangelo Corelli, Sonata IX, 1° mouvement - 2) Azzolino Della Ciaja, Sonata III, 4° mouvement - 3) Giuseppe Valentini, Sonata "La Montanari", 5° mouvement.
‣ Pièces à l'écoute simple, en bas de page ‣ 1) Arcangelo Corelli, Sonata IX, 1° mouvement - 2) Azzolino Della Ciaja, Sonata III, 4° mouvement - 3) Giuseppe Valentini, Sonata "La Montanari", 5° mouvement.
▸ Corelli & Friends : Corelli, Locatelli, Muffat, Montanari, Valentini, Della Ciaia -
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