lundi 16 janvier 2012

❛Disque❜ Jacques-François L'Oiseleur des Longchamps, Hybrid Music • Pour ses Chevauchées Lyriques, L'Oiseleur ne fait pas cavalier seul !

En piste avec Schubert, Revueltas, Frédérico Alagna et les… Rolling Stones. Partout ici, y'a de de la joie ! Exercice à la mode, un brin racoleur, le cross-over se révèle un genre périlleux, de haute voltige même. Beaucoup d'artistes aiment taquiner la chansonnette : pro memoria, Pavarotti and friends avec Bono ou des Spice Girls, l'ineffable Montserrat en duo avec le fringant Freddy... L'immense Cesare Siepi lui même y succomba, comme Alagna (Roberto) de nos jours. Et encore, l'éclectique Anne Sofie Von Otter, sans doute la recordwoman du genre : Christmas at home, Elvis Costello, Abba - puis tout récemment Brad Mehldau... Marcher sur tous les chemins, pourquoi pas ? Mais pas sans risque : malgré d'incontestables gemmes, trop de résultats se sont avérés discutables, mitigés ;  et n'ont  rien ajouté à la gloire des chanteurs.

Le baryton L'Oiseleur des Longchamps, montant sur ses grands chevaux, peut s'enorgueillir pour sa part d'avoir remporté haut la note son pari : il nous offre dans ce CD Hybrid Music une passionnante et originale thématique autour du cheval - la plus noble conquête de l'homme étant une de ses passions. Le livret louange d'ailleurs chaleureusement sa fidèle monture, Son Altesse Équinissime Émir du Rû de la Brousse. Quel récital insolite, surprenant, foisonnant ! Émouvant même : la coexistence de mélodies "sérieuses" et de chansons populaires y coule en effet de source, elle est l'évidence même. L'Oiseleur tutoie Duparc, Saint-Saëns, Chausson, Brassens, Aufray, Chopin... avec aisance. Récusant toute facilité et artifice, il distille une exquise poésie servie par sa voix ductile, agile, aux inflexions tendres et suaves. Timbre aurifère et émission franche : ce Liedersänger attachant ose de subtiles et impalpables  nuances, voire un pianissimo mezza voce (Cancion de Cuna de Revueltas). Il est un roi  qu'on salue bien bas au passage, au point qu'il faudrait citer toutes les mélodies de ce recueil !  À commencer par les envoûtants Centaures de Patrick Loiseleur (d'après Marguerite Yourcenar), et bien sûr le regretté Olivier Greif, autre génie protéiforme et singulier, à la mémoire duquel L'Oiseleur est visiblement très lié. Souvenons-nous du brillant et passionnant concert du 7 janvier au Conservatoire de la Rue de Madrid, mettant à l'honneur ce compositeur trop tôt disparu ; auteur d'un cycle post-romantique, tourmenté, voire torturé, d'après Heinrich Heine.

Du présent album, plusieurs autres perles ont enchanté notre oreille : le Petit cheval blanc de Brassens, la burlesque comptine d'Aimé Maillard, les Dragons de Villars, entre Offenbach et un certain Honegger - celui du Roi Pausole - caustique à souhait. Sans omettre la première plage, une mélodie sicilienne aux tonalités rugueuses, âpres et pourtant évanescentes, signée Frédérico Alagna. S'ajoute à tout cela la prestation superlative des sémillants comparses de l'interprète : la pianiste  Mary Olivon, ainsi que Mathieu Scala et Frédérico Alagna soi-même, respectivement guitaristes et guimbardiste. C'est dire combien nous guettons la parution promise des volumes II et III, annoncés nantis d'autres raretés (tel l'injustement délaissé Victor Massé, dont L'Oiseleur a déjà honoré le Pygmalion).

‣ Pièces à l'écoute en bas de page  1) Georges Brassens, Le Petit Cheval Blanc - 2) Patrick Loiseleur, Centaures.




Renseignements complémentaires (ET ACHAT DU DISQUE) sur le site de L'Oiseleur des Longchamps.

Crédits iconographiques  - Visuel du CD Hybrid MusicOfficier sur cheval cabré, dessin de
Charles Parrocel (1688-1752), Musée Magnin de Dijon, © RMN / Thierry Le Mage -
Un portrait de L'Oiseleur des Longchamps.




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