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Luc DEDREUIL, Julian BOUTIN, Julien DIEUDEGARD & Frédéric AURIER - © Flâneries de Reims |

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La Villa Demoiselle, à Reims - © Jacques DUFFOURG |
Qu'en est-il à REIMS, à la Villa Demoiselle (vue ci-dessus), dans le caveau même des Champagne POMMERY, dont l'acoustique s'avère tout à fait exceptionnelle pour elle (ci-dessous) ? Le chef d'œuvre du Tchèque JANÀCEK - qui donne son nom à l'aubade - est au final la partition la plus ancienne d'un corpus slave dédié à la "modernité" et essentiellement tourné, donc, vers la Russie : Igor STRAVINSKY (1882-1971), Dimitri CHOSTAKOVITCH (1906-1975) et, surtout, Alfred SCHNITTKE (1934-1998) se taillant la part du lion.
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Le Quatuor Béla en concert dans le caveau de la Villa Demoiselle - © JD |
Je ne saurais en dire autant, hélas, des quatre Quatuors, dont les BÉLA interprètent ici le deuxième, une supplique aux accents post-beethoveniens, lestée de deux Moderato trompeurs, encadrant deux sections-clefs, au titres révélateurs d'Agitato et de Mesto ("triste") ! Désespéré serait un mot plus adapté, la haute virtuosité coutumière à SCHNITTKE (l'Agitato) n'ayant plus rien d'une fête dionysiaque, mais plutôt d'une déréliction funèbre. Les exigences dynamiques extrêmes - particulièrement la conclusion de l'œuvre, à la limite du perceptible - trouvent chez les jeunes Lyonnais des techniciens hors pair nantis d'une geste émotionnelle non mois remarquable. Le meilleur SCHNITTKE que j'aie entendu assurément, avec celui des Dissonances et de David GRIMAL.
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La Cathédrale de Reims - © Jacques DUFFOURG |
S'il n'existe que deux Quatuors de Leos JANÁCEK qui aient survécu (sur trois, semble-t-il), la présente Sonate à Kreutzer de 1923 et les Lettres Intimes de 1928, ils s'agit de deux sommets reconnus, à la discographie relevée (Melos, Prazak, Diotima...), dont le premier est - encore - une pièce assez brève, construite sur une Ouverture (le terme n'est pas gratuit) que suivent quatre Con moto reprenant le fil narratif de la nouvelle éponyme de TOLSTOÏ. Il est notable au passage que l'un d'entre eux offre de telles parentés avec le thème "badin" du CHOSTAKOVITCH précédent - toutefois la tension tragique, ici, ne se dément jamais. Son caractère insoutenable, dans l'ultime Con moto, gagne, en version BÉLA, un tranchant mortifère, voire assassin, digne de le faire figurer dans une anthologie de l'expressionnisme !
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Julien DIEUDEGARD, Julian BOUTI N, Frédéric AURIER & Luc DEDREUIL - © Flâneries de Reims |
D'ores et déjà, référentiel. Un accessit aux Flâneries, et à Jean-Philippe COLLARD, qui les coiffe.

(2) À souligner la polyvalence de Frédéric AURIER et Julien DIEUDEGARD, échangeant volontiers leur postes de premier et second violons. À féliciter également, la haute qualité, de contact comme d'argumentation, de la présentation des œuvres, assurée par les artistes eux-mêmes : rien d'abscons, aucune facilité ni complaisance non plus. Un modèle !
‣ Flâneries Musicales de REIMS, Villa Demoiselle, 29 VI 2013. "SONATE À KREUTZER" :
Igor STRAVINSKY (1882-1971) : Concertino, mouvement en forme d'allegro de sonate.
Alfred SCHNITTKE (1934-1998) : Quatuor à cordes n°2.
Dmitri CHOSTAKOVITCH (1906-1975) : Quatuor à cordes n°7 en fa mineur, op. 108.
Leos JANÁCEK (1854-1928) : Quatuor à cordes n°1 "Sonate à Kreutzer".
Igor STRAVINSKY : Trois Pièces pour Quatuor à Cordes.
Erwin SCHULHOFF (1894-1942) : Alla Valse viennese, extrait de Cinq pièces pour Quatuor à Cordes (BIS).
‣ Le Quator Béla : Frédéric AURIER et Julien DIEUDEGARD, violons -
Julian BOUTIN, alto - Luc DEDREUIL, violoncelle.
‣ En co-réalisation avec CÉSARÉ, Centre National de Création Musicale ;
Programme soutenu par MUSIQUE NOUVELLE EN LIBERTÉ.
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