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De la mort de Louis XIV au couronnement de Louis XV, le cérémonial quotidien et le protocole disparaissent de la Cour, laquelle s'exile un temps à Paris avant de revenir en 1722 à Versailles.
Le roi n'est pas mélomane... Son épouse, la reine Marie Leczinska, l'est à sa place, et entretient la tradition musicale au Château. La vie musicale sous le règne du Roi Soleil était faite d'opéras - de tragédies lyriques, plutôt - et de ballets somptueux. La reine Marie, pour sa part, vit en retrait, en famille, et favorise une vie musicale "de la Chambre", plus intime... mais tout aussi intense. Les Concerts de la Reine ont ainsi lieu trois fois par semaine entre 1725 et 1755 environ, et l'on en compte jusqu'à 96 pour une année ! Chargés de l'organisation de ces concerts : François Colin de Blamont et André-Cardinal Destouches, les surintendants de la Musique, qui y faisaient jouer des cantates, concerts instrumentaux, airs de tragédie et d'opéra, etc...
Fils de Jeanne Collette, et de Nicolas Colin, ordinaire de la musique du roi, François Colin (1690 – 1760) est admis à l’âge de 17 ans dans les rangs de la chapelle de la duchesse du Maine. En 1719, il acquiert de Lully fils une charge de direction, et se retrouve donc, avec André Cardinal Destouches, surintendant de la musique du roi.
François Couperin, dit Le Grand (1668 – 1733) est compositeur, organiste et claveciniste... Héritier d'une longue tradition familiale illustrée avant lui, (notamment par son oncle Louis), ce Couperin demeure, comme en atteste son surnom, le plus illustre membre de sa famille.
Titulaire d'un quartier (trimestre) de la Chapelle Royale, il cumule plusieurs fonctions à la Cour de Louis XIV, tout en menant une carrière de compositeur et de professeur de clavecin très recherché. C'est d'ailleurs son œuvre pour le clavecin, consistant en quatre livres publiés entre 1707 et 1730, qui fait sa gloire ; et le fait considérer, avec Jean Philippe Rameau, comme le grand maître de cet instrument en France.
Titulaire d'un quartier (trimestre) de la Chapelle Royale, il cumule plusieurs fonctions à la Cour de Louis XIV, tout en menant une carrière de compositeur et de professeur de clavecin très recherché. C'est d'ailleurs son œuvre pour le clavecin, consistant en quatre livres publiés entre 1707 et 1730, qui fait sa gloire ; et le fait considérer, avec Jean Philippe Rameau, comme le grand maître de cet instrument en France.
Les Ombres en concert à l'Église des Haudères (Suisse) en 2011, © Chani Lesaulnier |
Aux Ombres (1), ensemble baroque créé en 2006 par Margaux Blanchard et Sylvain Sartre, d'offrir en 2010 (en inaugurant la collection "Jeunes Ensembles" des Éditions Ambronay) la restitution de ce que pouvait être l'un de ces Concerts chez la Reine, avec le concours du comédien Manuel Weber. Nettement influencés par l'Italie (l'une des Apothéoses publiée par Couperin en 1724 est celle de Corelli... un Corelli très sollicité encore dans la présente Apothéose de Lully), nos deux François se gardent expressément de la copier de manière restrictive. Œuvrant à ce que l'on doit considérer comme une révolution musicale, ils maîtrisent au contraire l'art d'introduire des chromatismes, ornements, et basses italiennes...sans pour autant rompre le phrasé et la mesure du goût français.
François Couperin |
Jean-Baptiste Lully |
Il en va de même pour les partitions de Colin de Blamont, notamment sa cantate Circé, dans laquelle la voix de Mélodie Ruvio se love délicieusement dans les mélismes dus aux violons, théorbe, viole de gambe, clavecin... Autant d'instruments qui, par des extraits des Festes grecques et romaines, concluent par une apothéose (c'est bien le mot, ici) un programme d'une cohérence et d'une élégance stimulantes, qu'on aimerait dénicher plus souvent chez des phalanges plus capées.
Texture aussi raffinée ne peut que renvoyer, en rebond, au Couperin des Nations, parangon d'orfèvrerie au firmament du baroque français. Que ces artistes aient d'ailleurs choisi d'en faire le socle de leur prochain enregistrement (annoncé pour octobre 2012, parallèlement à plusieurs concerts, dont un aux Collège des Bernardins de Paris) est selon nous tout sauf un hasard.
Ces Ombres n'ont pas remporté pour rien, en 2009, le deuxième prix du concours de musique ancienne de Trossingen, en Allemagne ! Apprécions ici bien plus qu'un nouvel ensemble : une fratrie, plutôt. Avec, précisément, ce que ce terme comporte de jeunesse, de solidarité et d'ambition, en posologie suffisante pour générer l'addiction. Des Ombres heureuses - en quelque sorte...
Ces Ombres n'ont pas remporté pour rien, en 2009, le deuxième prix du concours de musique ancienne de Trossingen, en Allemagne ! Apprécions ici bien plus qu'un nouvel ensemble : une fratrie, plutôt. Avec, précisément, ce que ce terme comporte de jeunesse, de solidarité et d'ambition, en posologie suffisante pour générer l'addiction. Des Ombres heureuses - en quelque sorte...
(1) La formation emprunte son nom à l'ouverture du Concert pour Louis XIII du "manuscrit Philidor", dont le contrepoint marque la transition entre la Renaissance et le Baroque.
‣ Pièces à l'écoute simple, en bas d'article ‣ 1. "Plaintes pour des flûtes ou des violons très adoucis" & 2. "Apollon persuade Lully et Corelli" (Apothéose de Lully, François Couperin) - 3. "Dans le sein de la Mort" (Circé, François Colin de Blamont) - 4. Ouverture (Festes grecques et romaines, du même)‣ Ensemble Les Ombres, direction : Sylvain Sartre & Margaux Blanchard, © Éditions Ambronay 2010.
‣ Concert chez la Reine : Œuvres de François Couperin "Le Grand" (Apothéose de Lully)
et François Colin de Blamont (Circé, Festes grecques et romaines) -
Ensemble Les Ombres, direction : Sylvain Sartre & Margaux Blanchard.
et François Colin de Blamont (Circé, Festes grecques et romaines) -
Ensemble Les Ombres, direction : Sylvain Sartre & Margaux Blanchard.
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