Un livre d'Olivier Lexa pouvant être acheté ICI |
Au début de l'ouvrage, le lecteur est invité à découvrir successivement les théâtres d'opéra, les grandes demeures (case) et palais (palazzi) patriciens, les maisons de tailles plus modeste (casini, ridotti), les ambassades... et la musique en plein air (musica all'aperto). Il est convié, à sa fin, à s'intéresser aux innombrables basiliques et églises (chiese), aux deux couvents et au ghetto juif (ghetto ebraico). Nous sommes très loin cependant d'un guide touristique, fût-il d'inspiration mélomane et de haute qualité littéraire ou iconographique - les nombreux clichés (en noir et blanc) sont d'Olivier Lexa lui-même. Hautement documenté et précis, ce parcours ne trouve son sens plein qu'adossé à la longue et riche introduction (quinze pages), qui enracine la naissance, au XVII° siècle, d'une musique vénitienne spécifique dans le contexte socio-économique et diplomatique des périodes écoulées.
Olivier Lexa, © non communiqué |
D'autres musiciens, plus ou moins connus du plus grand nombre, ponctuent ce retour sur les hauts lieux - profanes et sacrés - de leurs créations : entre Monteverdi et Vivaldi (l'un et l'autre violoniste) par conséquent, s'égrènent les noms de Cavalli, Albinoni, les frères Marcello, Marini, Galuppi... Des anecdotes, telles que la guerre des loges (guerra dei palchi), montrent à l'envi l'importance, pour les grandes familles de la ville, d'assurer non seulement leur divertissement, leur confort, leur train de vie - mais encore, de lutter sans merci contre l'influence des dynasties rivales. Renchérir sur les cachets extravagants des vedettes (dont les castrats) ne suffit pas, il importe aussi de s'abonner à l'année chez l'adversaire... afin de lui nuire, en laissant ostensiblement des loges vides ! La lecture s'agrémente d'instructifs apartés, comme ceux sur 'La finta pazza', modèle de l'opéra vénitien, ou Giacomo Torelli, inventeur de la scénographie moderne, ou encore Apostolo Zeno, la naissance de l'opera seria.
Giovanni Antonio Canal, dit Canaletto (1697-1768) : Arrivée d'un ambassadeur français à Venise |
Le terme de "défi", employé dans notre titre - s'il n'a d'autre prétention que d'attirer l'œil sur la pertinence et la richesse de cette entreprise, en tentant (modestement) de la promouvoir - souhaite, également, mettre l'accent sur son courage. Ce n'est certes pas le zénith budgétaire de nos politiques culturelles européennes qui l'a portée sur les fonts baptismaux...
San Giorgio Maggiore, vue depuis le Lido - © Jacques Duffourg |
Giovanni Antonio Canal, dit Canaletto (1697-1768) : La Pointe de la Douane |
"Dans la première moitié du XVIIe siècle, Venise ouvre un nouveau chapitre de l’histoire de l’art : non seulement elle invente l’opéra public, mais elle donne également ses lettres de noblesse à la musique instrumentale. Pendant plus de cent-cinquante ans, la Sérénissime métamorphose l’art d’Euterpe. En prenant les noms des deux compositeurs qui ont inauguré et conclu cet âge d’or, la Fondazione Monteverdi Vivaldi propose de raconter une histoire écrite par de nombreux créateurs, émaillée de chefs d’œuvres auxquels Les Quatre Saisons font souvent de l’ombre. Centre de ressources et de diffusion, le Venetian Centre for Baroque Music mène un travail de fond dans les domaines de la recherche et de l’interprétation. Ponctuant les activités éditoriales, un festival international est programmé chaque année parallèlement à une académie de jeunes artistes, afin de redonner vie à des joyaux méconnus qui méritent de faire le tour du monde." (Présentation que fait de lui-même le Venetian Centre for Baroque Music, sur son site).
La Salute - © J. D. |
‣ Pièces à l'écoute simple, en bas d'article ‣ 1. Claudio Monteverdi, Con che soavità (Libro Settimo dei Madrigali), Anne Sofie von Otter et Reinhardt Göbel, extrait du CD Lamenti, © Archiv Produktion, DG. ‣ 2. Antonio Vivaldi, Concerto per archi e basso continuo RV 128 (Allegro non molto), Giuliano Carmignola et Sonatori della Gioiosa Marca, extrait du CD Vivaldi-Farina, © Divox Antiqua.
‣ Le site du Centre de Musique Baroque de Venise.
‣ Un fort captivant entretien vidéo avec Olivier Lexa.
‣ Un fort captivant entretien vidéo avec Olivier Lexa.
‣ Un non moins remarquable entretien écrit avec le même.
Vous nous avez donné cher Jack "les moyens" pour tenter de l'honorer cette " Sérénissime". Soyez en remercié. C'est magnifique. Vraiment.
RépondreSupprimerJeanne Orient
Chère Jeanne,
SupprimerVotre commentaire, sur la forme, me cause une joie infinie.
Je suis si heureux que vous ayez parcouru ces quelques mots... n'ayant d'autre but que de faire circuler l'information, succinctement ; au sujet d'une forme d'art, d'une ville, d'une culture.
Et d'un homme, Olivier Lexa, bourré de talent et d'énergie : Dieu sait qu'il lui en faudra plein encore, tant les circonstances sont dures pour la musique de nos jours - en Italie bien plus encore qu'ici.
Ils me flattent, aussi, quant au contenu : cet article n'est qu'un "chapeau" rapide, une présentation sommaire, en rien un travail de fond ! Cependant, quelle chance de constater que, par le jeu astucieux des liens internet, même un bloc-note de ce type peut permettre de partager sur ce que nous avons de plus précieux. De plus fragile, aussi. Cela me fait très plaisir, vraiment.
J'espère vous relire régulièrement, ici ou sur Facebook ! Bien à vous, chère Jeanne,
Jacques
Je te remercie cher Jacques de l'excellence de ta lettre Appoggiature. Je me suis envolée grâce à la magie de ta plume et à la richesse de tes liens dont l'illustration musicale pour la Sérénissime. Je me réjouis de ta chronique à venir sur l'ouvrage Venise l'éveil du baroque. Cathie
RépondreSupprimerChère Cathie,
SupprimerQuoi de plus important pour moi que de savoir que j'ai pu être un relayeur utile sur cette question vénitienne - puisqu'avant Olivier Lexa, apparemment peu de personnes se souciaient de rendre à la "Sérénissime" la musique qu'elle avait vu naître ?
Pourtant, ce billet est tout modeste, il n'a aucune dimension critique... Simplement la petite prétention de se faire un écho à un beau et courageux projet !
Je ferai une présentation du livre d'Olivier d'ici plusieurs semaines ; patience, donc.
Merci infiniment pour ta fidélité et tes commentaires, à bientôt,
Jacques