Un livre-CD Ediciones Singulares vendu ICI |
Maximilien, Paul, Marie, Félix - dit Max - d'Ollone (Besançon 1875 - Paris 1959), élève de Jules Massenet (1) : musicien original, sensible, écorché vif - complètement occulté. D'ailleurs on n'en entend jamais la moindre note au concert ! Pourquoi un tel mépris ? Pareil oubli est injustifiable ? Il est surprenant, voire choquant qu'un vaste corpus, puissant, somptueux, d'une telle dimension soit purement et simplement passé à la trappe. Un mystère, Max d'Ollone? Quasiment ! Pourtant, ce livre-disque généreusement garni de Cantates, chœurs et musique symphonique prouve à l'envi combien ce dernier joue dans la cour des grands, se hissant indiscutablement à la hauteur des Henri Rabaud, Charles Kœchlin, Albert Roussel ou autres Paul Dukas... dopés aux amphétamines.
Les atouts du Bisontin sont multiples, et sa musique parle d'elle même. Un rival dangereux pour ses pairs, peut-être ? Encore une fois, les obscures raisons de sa disparition déconcertent. Atypique, inclassable, de style hautement personnel, clairement incompris, le jeune impétrant faillit presque céder aux découragement. Heureusement, Massenet, prodiguant ses précieux et paternels conseils, fut là pour le "booster", le défendre contre contre les autres et le protéger de lui-même, le remotivant au besoin, ayant décelé chez lui une nature d"élite. De fait, face aux gardiens du temple et autres brideurs de talent. il galéra longtemps pour obtenir une relative (et fugace) reconnaissance.
Frédéric Antoun - © non communiqué |
Le jeune Max d'Ollone (1875-1959) |
Ce volume, synonyme d'évasion et de fantaisie, embrasse - et embrase - tout. Probablement est-il le plus réussi des quatre dédiés aux Cantates du Prix de Rome (en soi, le Gustave Charpentier plaçait déjà la barre très haut). C'est une réhabilitation majeure d'un artiste complet, dépassant les maîtres qui l'ont précédé, voire influencé, tel Saint-Saëns. Rien de formaté ou d'académique chez D'Ollone : orfèvre, tisserand, peintre ou aquarelliste accompli, il est est libre, Max ! Il n'hésite pas à dynamiter, et avec quel brio, les codes scolaires de l'exercice cantate. Exemple, l'impériale Frédégonde (1897, premier prix), une page ramassée, à l'érotisme sous-jacent. D'une densité exceptionnelle, sa musique atteste d'une grande maturité et régale d'une myriade de miroitements ou de couleurs, gorgés de lumière wagnérienne. Mais pas seulement : son esthétique lorgne du coté tutélaire de Massenet et annonce... Bernard Hermann (les accords initiaux) ! S'ensuivent des chefs d'œuvres, à commencer par Clarisse Harlowe (1895, d'après Samuel Richardson), monodrame aux thèmes obsédants qui aurait du recevoir le premier prix d'emblée, au lieu du second.
Chantal Santon-Jeffery - © Opera Fuoco |
Rigoureuse exubérance fondue dans un sens mélodique imparable, telle est "la marque de fabrique" de Max d'Ollone. Retournons pour l'illustrer à Frédégonde, mini-fresque opératique, tragédie héroïque et désespérée. Atteignant des sommets paroxystiques, ce parangon de déferlante, au lyrisme effusif, mène sa brûlante intensité crescendo ; le tout est mené à fond de train par un Hervé Niquet survolté (notre chef de l'année 2011, portrait plus bas), à la tête d'une phalange (Brussels Philharmonic) elle-même chauffée à blanc. Son magistère - il n'y a pas d'autre mot - s'avère trépidant, d'une précision et d'une fluidité confondante. Implacable, il sait être à la fois élégant et "sabre au clair", d'une grâce omniprésente... et omnisciente.
Marie Kalinine - © d'après son site |
Puisse notre Palazzetto Bru Zane prolonger l'ivresse, en enregistrant les opéras de D'Ollone, Arlequin, très admiré d'André Messager (l'Opéra Comique serait l'écrin idéal), la Samaritaine... voire son ballet le Temple abandonné, créé à Monte Carlo. Entre fantasmagorie et nomadisme musical hors normes, dans la droite lignée de Florent Schmitt, venez boire à cette oasis sonore, grisante, jubilatoire ! Et laissez le mot de la fin à Reynaldo Hahn : "Max d'Ollone a presque sans cesse laissé librement chanter son coeur". Toute l'âme de ce choc discographique (et livresque) est là.
‣ Pièces à l'écoute simple en bas d'article (MISES EN LIGNE ULTÉRIEUREMENT) ‣ ① Frédégonde, fin de la scène Frédégonde-Chilpéric ‣ ② Mélusine, finale Mélusine-Raymondin-Spectre ‣ ③ Clarisse Harlow, fin de la scène Clarisse-Lovelace ‣ ④ Les Villes Maudites, seconde partie ‣ © Ediciones Singulares 2013.
Hervé Niquet - © non communiqué |
(1) Grâces soient rendues aux signataires et éditeurs d'avoir joint à leur riche travail le texte de nombreuses lettres envoyées par Jules Massenet à Max d'Ollone, ainsi que le fac-similé d'une carte-portrait du premier, dédicacée au second.
‣ Découvrir des vidéos relatives aux Cantates de Max d'Ollone sur Classique News
‣ Max d'Ollone (1875-1959) : Cantates, chœurs et musique symphonique :
Frédégonde - Sous-bois - L'Été - Mélusine - Pendant la tempête -
Clarisse Harlowe - Les Villes maudites - Hymne - Sposalizio.
‣ Chantal Santon, Virginie Pochon, Gabrielle Philiponet, Jennifer Borghi, Marie Kalinine, Noëlle Schepens, Frédéric Antoun, Julien Dran, Mathias Vidal, Andrew Foster-Williams, Jean Teitgen, Joris Derder.
Frédégonde - Sous-bois - L'Été - Mélusine - Pendant la tempête -
Clarisse Harlowe - Les Villes maudites - Hymne - Sposalizio.
‣ Chantal Santon, Virginie Pochon, Gabrielle Philiponet, Jennifer Borghi, Marie Kalinine, Noëlle Schepens, Frédéric Antoun, Julien Dran, Mathias Vidal, Andrew Foster-Williams, Jean Teitgen, Joris Derder.
‣ Flemish Radio Choir & Brussels Philharmonic, direction : Hervé Niquet.
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