Quel luxe étrange et paradoxal que l'opéra au Cinéma ! Grâce à cette louable initiative, nous voici téléportés illico presto au mythique "Met". Somptueuse découverte ce Satyagraha (1980) de Philip Glass (né en 1937, photo plus bas) : fresque lyrique chantée en... sanscrit, oratorio qui ne dit pas son nom. Dire que l'on ose ça et là brocarder la programmation new-yorkaise pour sa "pusillanimité" et son côté "plan-plan"! Les spectateurs, eux, apprécient visiblement l'indéniable prise de risque, happés dans une étrange quatrième dimension. L'impact émotionnel agit dès les premiers accords, ésotériques : impossible de résister au pouvoir hypnotique de ces longues, lancinantes mélopées, infinies, sinueuses. Enveloppées dans une écriture vaporeuse ou bien tumultueuse - extraordinaires choeurs omniprésents !
En France, le compositeur américain est très injustement décrié. Voué aux gémonies par un sérail élitiste un brin condescendant. Ses pages dites répétitives (parmi lesquels un redoutable Concerto pour violon, de brillants Quatuors, sans parler des neuf Symphonies) ne squattent guère les salles de concert (si ce n'est ICI), à l'instar d'un John Adams, ostracisé de même. (1)


(1) Louons donc d'emblée le courageux Châtelet, qui affichera dans quelques mois le magnifique Nixon in China, avec l'immense June Anderson...
‣ E. M.
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