L'Ensemble vocal Les Métaboles à l'issue du concert des Billettes, © Jacques Duffourg |
Baptiste-Florian Marle-Ouvrard, © Concours de Chartres |
Léo Warynski, © d'après son site |
Sa force spirituelle, littéralement extra-ordinaire, provient à la fois du dépouillement austère de ses longues lignes et de son caractère composite, synthétisant, en un survol radical, des siècles d'inspiration et de styles d'écriture sacrée "germanique". C'est tout l'art d'un Schütz, d'un Weckmann puis d'un Buxtehude, qui nous interpelle, bien sûr, dans ce Kyrie si polyphonique ; cependant, très vite, la combinaison Sanctus-Benedictus (avec reprise de l'Hosanna) récapitule toute la science viennoise (Haydn, Mozart, Schubert). Enfin, l'Agnus déjà cité déploie toutes grandes les ailes de prospectives inattendues, y compris sur le plan harmonique, depuis les proches Psaumes de Mendelssohn ou Motets de Bruckner... jusqu'au XX° siècle (certaines trouvailles des Vêpres de Rachmaninov, que les mêmes Métaboles chantèrent - et qui sait, en France, jusqu'à Messiaen, Duruflé ou... Escaich ?).
Guilhem Terrail, © d'après son site |
Plus particulier encore - puisque Léo Warynski a procédé à une réduction pour orgue, d'après la partie originale dévolue à "l'instrument roi" - s'avère le Requiem de Fauré. Non seulement, sa lecture, très lente et recueillie n'en pâtit pas, mais elle semble comme y gagner encore de la foi, tant le toucher aussi délicat qu'enveloppant de Marle-Ouvrard paraît façonné pour l'illustre chef d'œuvre ! Les choristes, de toutes les tessitures, ne sont pas en reste : leur homogénéité, leur respiration calme et aérée, ainsi que la pointe d'ésotérisme conférée au texte latin (davantage que chez Brahms) offrent un écrin sur mesure aux solistes des Libera me et Pie Jesu (3), qui ne le déparent en aucune façon.
L'ensemble, disposé en forme de "M", © d'après son site et sa page Facebook |
La prochaine démonstration (peut-il en être autrement ?) de ce chœur juvénile, à géométrie variable et à talent constant, est prévue ce 20 avril prochain au Conservatoire de Région de la Rue de Madrid, avec la (re)création des Paraboles de Noël Lee.
(1) La notice du concert stipule à quel point ces exigences hors du commun, spécialement à l'égard des altos, ont empêché que les premières parties achevées de la Messe, jugées injouables, n'aient jamais été offertes au public du vivant de son auteur. Un argument qui plaide plus, par conséquent, en faveur d'une incomplétude que d'un inachèvement.
(2) Avec un ténor manquant lors de la soirée du 2 février, voilà qui ne fait que rendre la prestation plus méritante !...
(3) Respectivement : Pierre Mervant, baryton et assistant de Léo Warynski ; puis Cécile Pierrot (le 29/1) et Lorraine Tisserant (le 2/2).
(2) Avec un ténor manquant lors de la soirée du 2 février, voilà qui ne fait que rendre la prestation plus méritante !...
(3) Respectivement : Pierre Mervant, baryton et assistant de Léo Warynski ; puis Cécile Pierrot (le 29/1) et Lorraine Tisserant (le 2/2).
L'affiche du concert |
Orgue : Baptiste-Florian Marle-Ouvrard. Direction : Léo Warynski.
‣ Vyautas Miskinis : O salutaris hostia - Johannes Brahms : Herzliebster Jesu (Chorals-Préludes op. 122 n°2), orgue - Brahms : Messe. - Felix Mendelssohn : Prélude & Fugue n°2 de l'op. 37, orgue - Mendelssohn : Trois chants sacrés (psaumes) pour alto, chœur et orgue, op. 96 - Brahms : Herzlich tut mich verlangen (Chorals-Préludes op. 122 n°2), orgue - Gabriel Fauré : Requiem, Cantique de Jean Racine (bis).
‣ Les Métaboles offriront le 20 avril prochain à 17 heures au Grand Auditorium du Conservatoire de Région de la Rue de Madrid, à Paris, Paraboles, une crétion de Noël Lee.
Très belle critique d'un concert que j'avais beaucoup apprécié.
RépondreSupprimerChristian P.
Merci pour ton commentaire, cher Christian !
SupprimerSi elle est "belle", admettons... c'est qu'elle est à l'image des artistes qui l'ont inspirée... Tout simplement ! :)
À bientôt sur ces colonnes... Jacques